Une chose est sûre : être bilingue est un immense coup de pouce dans la vie. Qui n’a pas déjà envié la capacité de sauter d’une langue à l’autre en un claquement de doigts ? Or, les bénéfices du bilinguisme vont bien au-delà d’un simple atout de communication et de compréhension.
Suivez-nous pour un tour de piste des avantages (cognitifs, culturels et même biologiques) du bilinguisme.
Un esprit plus affuté
Plus intelligents, les bilingues ?
Des études anatomiques de cerveaux bilingues ont montré qu’ils possédaient « une réserve neurale » : autrement dit, plus de matière grise que des personnes unilingues (d’après les recherches d’Ana Inès Ansaldo de l’Université de Montréal). En effet, les personnes parlant couramment deux langues enregistrent une activité cérébrale plus rapide et surtout plus effective que la normale. Cela est dû, selon la linguiste Viocira Marian de la Northwestern University, au fait que les bilingues doivent constamment faire un choix entre les deux sets de vocabulaires présents dans leur mémoire, créant ainsi un nombre de connexions nerveuses supérieur à celui d’une personne unilingue. Comment cela s’exprime-t-il dans la vie de tous les jours ?
- Les bilingues filtrent mieux les informations : grâce à leur capacité de jongler entre deux sets de vocabulaires, les bilingues sont plus prompts à utiliser un vocabulaire précis et à identifier les informations dont ils ont réellement besoin. Selon un article du journal LeDevoir, « Plusieurs études ont montré que les personnes bilingues réussissent mieux que les unilingues à suivre une conversation dans un environnement bruyant ou à dévier leur attention vers une nouvelle importante qui est annoncée à la radio alors qu’elles parlent au téléphone, par exemple. »
- Cette acuité d’esprit se traduit aussi lors de situations de crise. En effet, les bilingues résolvent plus facilement les problèmes et sont plus rapides à les gérer.
Les bilingues sont moins timides
Délier les langues
Comme on peut s’en douter, il n’y a pas d’autres moyens pour apprendre une langue que de s’exercer à l’oral. Que ce soit dans la vie de tous les jours ou au travail, ce n’est qu’en communiquant que l’on peut forger, approfondir et améliorer ses connaissances. Ainsi, le besoin de travailler la langue encourage à aller vers l’autre ; on s’exprime plus, donc mieux.
- L’apprentissage naturel d’une langue, puisqu’elle ne requiert pas d’évaluation en soit, évite aux locuteurs de se comparer aux autres. Ainsi, il a été prouvé que les enfants bilingues ont moins peur de s’exprimer, et sont plus prompts à se lancer à l’oral – que ce soit dans une salle de classe ou dans un contexte moins formel.
- En parlant deux langues, on multiplie par deux le nombre de personnes avec qui l’on peut communiquer. C’est la diversification du sentiment d’appartenance. Dans n’importe quel contexte, savoir jongler entre deux structures de langages permet aussi de s’adapter à son auditoire, pas seulement par la langue, mais par aussi culturellement parlant.
Un esprit plus ouvert
Plusieurs langues, plusieurs cultures
L’apprentissage d’une langue ne saurait se passer de l’apprentissage de la culture à laquelle elle appartient. Ce n’est pas un hasard si l’on qualifie souvent les enfants bilingues de « multiculturels » : en parlant une autre langue que celle du pays où il a grandi, l’enfant est porté à penser au-delà de la culture dans laquelle il a été élevé.
- Ce multiculturalisme offre une ouverture d’esprit souvent exceptionnelle chez les enfants en bas-âge. Ayant un outil de comparaison, ils sont capables très vite d’appréhender leur culture de naissance avec un certain recul, et donc d’accepter plus facilement celle des autres. Pour Anna Lietti (Pour une Education Bilingue, Fayot, 2006), « entrer dans la langue de l’autre, ce n’est pas seulement acquérir un instrument utile de communication. C’est s’engager dans une aventure de l’esprit, découvrir un autre univers mental. »
- Cette maturité par rapport à leurs propres cultures les pousse aussi à découvrir celle des autres. En effet, les enfants bilingues ont tendance à être plus curieux du monde qui les entoure, à poser plus de questions et à vouloir approfondir encore plus leurs connaissances.
Un outil pour l’avenir
Des statistiques engageantes
On le sait : savoir parler deux langues couramment est un cadeau qu’il faut savoir mettre à profit. S’il va de soi qu’être bilingue est utile dans ses études (plus de choix dans les universités, capacité de passer des examens dans les deux langues), on a tendance à oublier l’atout que cela représente pour l’apprentissage en lui-même.
- En effet, les enfants bilingues auront plus de facilités à comprendre les fonctionnements métalinguistiques, et donc à apprendre une troisième langue. Une étude menée par l’Université de Haifa datant de 2011 a montré qu’il était plus facile pour les bilingues d’apprendre une troisième langue, leur cerveau étant formaté pour comprendre les différentes structures de grammaire et de vocabulaire.
- Comme on peut déjà s’en douter, le bilinguisme est un véritable atout dans le milieu du travail ; aujourd’hui, la demande en personnel multilingue est non négligeable. Plus que susciter l’intérêt des employeurs, le profil des bilingues est d’autant plus convoité qu’il permet d’élargir les horizons de l’entreprise.
- Enfin, un des meilleurs bénéfices du bilinguisme se traduit encore une fois… Dans le cerveau. Une étude datant de 2010, menée par un groupe de chercheurs en neuropsychologie de Baycrest au Canada, a démontré que le bilinguisme freinerait la maladie d’Alzheimer. Depuis, nombre d’études ont montré que les personnes bilingues sujettes à cette maladie dégénérative développaient les symptômes bien plus tard que les patients ne parlant qu’une seule langue. Autrement dit, être bilingue est réellement un investissement pour l’avenir.
La bonne nouvelle : on n’a pas besoin d’être parfaitement bilingue pour bénéficier de ces avantages ! Il suffit simplement de commencer l’apprentissage d’une seconde langue très tôt, et de la travailler régulièrement. Et rassurez-vous : le chercheur Christophe Pallier a appuyé, dans l’une de ses récentes recherches, que « le cerveau est fait pour être plurilingue ».
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